S’abîmer au Mont Blanc

Récit poétique et intime d’une ascension.
De l'extase au sommet.
De la chute.

 

Elévation (9 septembre 2016)

Dans la candeur d’une aubade, ils pensaient s’exhausser,
Par cette cavalcade, renaître ô gué ô gué.
Ils s’élevaient, s’insurgeant, surgissant des sentiers,
Reniant l’indulgence, implorant les rimayes.

« Ces charmes matinaux point ne nous caressent,
Les vrais de vrais, les purs, se moquent des mollesses »
Délaissant la lisière exquise, nos braves abordaient,
Le Royaume des forts, ce Haut lieu redoutable.

Disloqué, laminé, aux failles qu’ils vénéraient,
Un chaos de fourbe indolence irritable.
Ce tortueux fracas seul savait les flatter,
Courtiser leurs tortures, gémisse ma repentance.

 

Au sommet (13 septembre)

Et soudain paraît l’épaule. L’interminable trace capte les cordées qui nous précèdent. Dans la valse des arêtes, elles s’adonnent à des quadrilles laborieuses.

S’effilochent les nues. Vacille l’hymne de mon cœur ému. Il en bat chaque stance —

C’est une lourde apesanteur. De noirs écueils déchirent la ouate qui nous enveloppe. Notre regard tour à tour voltige au loin et s’abîme, ô vertige !

S’effiloche l’orgueil. Qu’ahane l’aria de notre âme grise. Elle en chante l’inconstance —

Enfin, nous voici au faîte. Notre essor échoue ici. Isolés du monde. Notre pulsation se suspend dans l’éther. Comme un sursis, un soupir aux quatre vents.

S’effiloche ma honte. Tressaille l’épique liesse haletante. Elle achève cette transe —